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Samsara

Bonjour tout le monde. Ici, on m'appelle Ruby ou Karine, c'est selon. J'ai envie aujourd'hui de façon complètement égocentrique de vous parler de moi et d'où je suis rendue au sortir de cette pandémie qui, sans avoir tout mis sur pause, a bien changé le cours des choses. J'ai pas envie de parler de politique ou d'économie. Ni de responsabilité ou de moralité. Ni d'écologie ni de santé. Ce qui m'intéresse depuis longtemps, c'est l'essence des gens et des choses. Dans le sens non genré, non ethnicisé et non hiérarchisé. Et depuis un moment, je peaufine le fragile équilibre entre mon bien-être personnel et mon désir de “sauver” le Monde avec un grand M (lire les gens, la planète, l’Univers et tous les autres univers, tiens). Et par sauver, je veux dire en diminuer la souffrance et restaurer l’intégrité. À présent, je peux même rayer la deuxième partie. Je ne pense même plus qu’il y ait quoi que ce soit de brisé.

 

Dernièrement, je m'étais dit que je voulais juste tatouer et dessiner. Que j'étais tannée de parler et répéter les mêmes absurdités. Que mon message, j'allais le passer dans le silence et dans la présence parce que de toute façon tout le monde s’en fout et se trouve concerné par son nombril respectif, ce qui est parfaitement normal et compréhensible. J’avais quitté les réseaux sociaux pour me ressourcer et probable que ça va encore arriver. Mais là, mes voix me disent d'écrire et de partager. Oui oui, j'entends des voix. Pas du genre le-gouvernement-veut-ta-peau-faut-tous-les-tuer genre de voix. Plutôt l’univers-est-une-matrice-d’exploration-de-la-conscience-et-nous-ne-sommes-qu'Un-avec-Lui genre de voix. Je sais pas si c'est mieux. Depuis les 7-8 dernières années, ç'a été toute une ride d'écouter dans ma tête.

 

Avant, j'étais déprimée devant le grand vide de l'existence. Je dépensais tellement d'énergie à engager dans plein de choses qui au fond n’ont aucune importance. Les deux pieds dans le samsara. J’aime me complaire à croire que j’ai maintenant peut-être un pied dans la porte du nirvana, ou en tout cas un orteil. Tout me semble plus clair, plus équilibré, plus serein. Et tout cela dans un espace indépendant de ma situation de vie (financière, relationnelle, familiale, sociale, etc.). C’est un espace profond, intérieur et central, qui a de plus en plus de difficulté à être ébranlé, mais bien sûr, en toute hypocrisie, les vagues vont et viennent et la vie (les vies) est/sont une succession ondulante de remémoration et d’oubli de qui nous sommes et pourquoi nous sommes là (en tant qu’être incarnés). Et je le teste sans relâche cet équilibre en travaillant avec le public, en étant maman d’un enfant autiste, en essayant encore d’exister en relation avec les autres, sans engager dans le drame du quotidien. Ouf.

 

Ben oui, je suis juste une tatoueuse. J'ai une vie moyenne, un salaire moyen et une maison moyenne avec un niveau d'éducation moyen. Je ne me prends pas pour Jésus ni pour le pape. Je n'ai pas envie de prêcher ni dire à personne quoi faire, comment vivre/méditer/manger/etc... J'ai déjà voulu très fort enseigner et guérir le monde de ses maux et j'y ai payé de ma santé (physique, mentale et spirituelle). Je n’ai pas l’intention de recommencer. Mais ça ne coûte pas cher non plus de partager ma pensée et mon expérience. Je suis déjà la bizarre du coin alors, je n’ai pas grand-chose à y perdre. Et puis de toute évidence, je n’arrive même pas à m’en empêcher. C’est certain que dans un autre temps, je finissais au bûcher.

 

Tiens, je vais en parler de la santé. Depuis que je suis petite, j'ai mal partout et je suis sujette à plein d'infections. Ensuite, ç'a été la dépression, les crises existentielles et l'anxiété. Possiblement un brin de psychose. Puis, j’ai eu la paix pendant un moment. Par contre, depuis six mois, mes articulations me font de nouveau souffrir et mon système digestif me laisse à peine manger. Quand le véhicule est menacé, c'est là qu’on voit à quel point on tient vraiment à la vie (ou non) et ce qu’on a envie d’y laisser outre notre peau. Alors, j'écris encore, même si j’ai peur. Peur d’être la criss de folle dans son délire religieux, qui veut juste crier “BUT WHAT ABOUT GOD?”. C’est comme ça. “Dieu” j’y pense souvent, même presque tout le temps. Pas le monsieur dans le ciel des Chrétiens là, mais dans le fond aussi, celui-là. Je pense à Allah et Shiva et Kali et Ishtar et Jéhovah et tout le tralala. Cette force omniprésente, je la sens dans mes doigts, dans ma peau, dans ma colonne vertébrale. Je le vois dans la lumière, dans la nature, dans le miroir et dans chacun de vous. Dans le fond de vos yeux là. Et j’ai encore besoin d’en parler. C’est la seule chose qui je trouve vaut la peine d’être dite et expliquée et honorée. L’expérience de la transcendance ordinaire, quotidienne, la dissolution progressive de l’égo et le lâcher-prise fonctionnel sur la “réalité”. Et quand j’ai mal, ça me ramène ici, dans la physicalité. Et j'essaye de bénir ma douleur, car elle est encore et toujours en train de m’enseigner la danse des polarités. Elle me rappelle mes limites et m’encourage à balancer mes activités quotidiennes au profit du yoga, de la méditation et de l’introspection. Ce qui fait du bien au corps et a l’âme au-delà de l’action et de l’agitation.

 

Merci encore d’être là, de faire miroir à mes réflexions, de regarder mes créations et de continuer de m’accorder votre confiance au fil des années. Namaste mothafuckas.

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