Ces derniers jours, je vis des émotions assez conflictuelles.
En général, j’ai passé un merveilleux été. J’ai vu tous mes amis chers, j’ai profité du dehors, fait du plein air en masse. J’ai mis de l’ordre dans ma vie personnelle et je me suis fait un nouvel amoureux. Malgré l’annulation de tous les événements, j’ai quand même eu la chance de m’évader deux fois, ce qui a définitivement fait du bien à mon moral.
Au moment du retour en classe, j’ai senti mon stress et mon niveau d’anxiété générale faire un grand bond. Jai rushé 2 minutes, mais j’ai dû me gérer au plus criss pour éviter une décente en vrille de mon état d’esprit. Je pense que j’ai bien réussi. Je me sens plus calme et j’ai les idées plus claires. Autrement que pour l’intensité de la charge organisationnelle, j’ai de la misère à définir ce qui a causé cette période d’inconfort, mais je pense que j’ai senti le shift s’opérer : c’est le temps de revenir à la réalité.
Une réalité pas si reluisante maintenant que l’Outaouais est passé en zone orange pour la gestion de la pandémie. Pis ce soir, j’ai envie d’en parler, de la pandémie. À part un seul post en mai, j’ai gardé pour moi mes réflexions par rapport à toute la situation. En général, j’ai essayé de garder mes “soucis” près de moi, de ma réalité directe, de ce qui m’affecte personnellement. Je ne suis pas intéressée par les théories du complot ni par la politique ou les enjeux économiques de la crise, bien que j’en subisse les conséquences comme tout le monde. Pour moi, porter un masque ou redoubler d’effort sur l’hygiène ne mérite pas mon indignation. Je le fais, c’est tout. Par contre, je suis très intéressée par l’aspect humain et psychologique de la chose. Je réfléchis beaucoup à la façon dont cette étrange période de notre histoire exacerbe nos psychoses individuelles et collectives. Comment chacun, dans notre coin, avec un minimum de ressources sociales et de soutiens, on tient le coup. Je réfléchis aussi à comment la situation a su faire ressortir du beau et mettre en valeur l’essentiel. Tout est une question de perspective.
Soyons honnête, on a oublié pendant deux-trois mois que la pandémie était là. On pensait que ça achevait. Juste aujourd’hui, je suis allé faire une promenade et je voyais encore les gens rire et jaser pas-si-distancés-que-ça, au soleil de cette belle journée d’automne. Puis aussi aujourd’hui y a eu 600+ nouveaux cas, les médecins et les infirmières commencent à paniquer un peu, la tension monte rapidement dans le système, on commence à manquer de lits dans les hôpitaux… Le re-confinement, je le vois venir d’ici. Mais cette fois-ci, ce sera pas au moment de l’arrivée du printemps, l’esprit mi-optimiste, que ça durera pas trop longtemps, mais plutôt en plongeant au cœur de l’hiver, six longs mois de froid, de manque de lumière et d’isolation. En même temps, sentiment contradictoire, je m’apprête à rouvrir mon horaire à de nouveaux projets pour la première fois depuis janvier dernier. Une partie de moi se demande si c’est vraiment réaliste et si je ne devrais pas réviser ma tactique. Je ne sais pas encore, je suis en train d’y réfléchir. En fait, je suis en train de réfléchir à tout, dans la variété des scénarios, des plus modérés aux plus catastrophiques. Je pense à ma survie, celle de ma famille et de mes proches. Ma survie littérale, devant le virus, mais surtout ma survie psychologique, à l’approche de la saison éprouvante, devant l’évidence que probablement d’ici quelques semaines, je me trouverai de nouveau sans travail, avec peu de sources de bien-être. Mais j’ai des idées, j’ai des plans. Entre autres, je pense que je vais essayer d’écrire plus souvent pour partager comment je vis ça, comment je m’en sors d’une semaine à l’autre. Mes idées créatives et farfelues, mes projets domestiques et mes tactiques de mieux-être. Au printemps, je me suis isolée dans le silence radio pendant les 3 mois où j’ai vécu une petite révolution. Cette fois-ci, j'ai une meilleure idée d’où je m’en vais et de comment je veux rentabiliser ça. Peut-être que ma motivation en inspirera quelques autres, je sais pas.
Call me crazy mais y a une partie de moi la trouve belle la situation. Pas facile, mais en même temps intéressante et peut-être nécessaire. Comme individus, on a l’occasion de réaliser que rien n’est garanti. Que nos acquis, on peut les perdre, que nos proches peuvent disparaître, à la limite qu’on peut mourir demain. Ça nous permet d’apprécier les choses qu’on a, pendant qu’on les a, en sachant que rien ne va durer éternellement. C’est une belle occasion de renouer avec la notion de gratitude. On se pense ben forts les humains. Mais devant la puissance et l'intransigeance de la nature, on n’a pas le choix de se présenter avec humilité. On est bien fragiles dans le fond. Je n’ai aucune idée de comment on va ressortir de l’autre côté, mais j’ai la certitude qu’on est ensemble témoins de la fin du monde tel qu’on l’a connu jusqu’à maintenant. C’est à nous de décider ce qu’on aura envie de créer de l’autre côté.
Peace out.
Karine
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