Tu viens tout juste de passer la porte, et déjà mon cœur a augmenté son rythme d’un cran. Je sens le picotement de ma circulation sanguine affluer dans mes mains et mon visage ; alors que je te souris, une chaleur familière afflue dans mon ventre. Elle me confirme que, oui, j’ai définitivement envie de toi.
De nos autres rencontres, je me rappelle ton regard, ces yeux bruns et verts qui évoquent quelque chose de sauvage, comme la forêt. Tu es plus grand que moi, mais à peine. C’est un exploit en soit, vu ma stature amazonienne. Je me sens fondre juste un peu dans la chaleur de ton câlin de bienvenue.
Échange de politesses. Veux-tu un verre d’eau? As-tu faim? Viens t’asseoir.
Je sais ce que tu fais ici. Tu le sais également.
Nous sentons tous les deux ce désir palpable qui grandit doucement dans le non-dit, dans l’insistance d’un regard, dans le rire facile et la présence soutenue. Tout en échangeant des banalités, en se rapprochant un peu plus du milieu du divan, on commence déjà à se savourer. Je blague et je touche ton bras. Tu ris et tu prends ma main.
Et soudainement le temps s’arrête : les mots sont suspendus dans ma bouche et j’inspire par mes lèvres entrouvertes, comme si tu m’avais prise par surprise, alors que mon cœur reprend sa course de plus belle. Tes yeux sont rivés sur les miens et tu ne laisses pas partir ma main. Doucement, ton pouce commence à en tracer la paume. Je sens fondre un peu plus mon petit mur de retenue alors que ton autre main vient toucher ma joue, puis ma nuque dans un mouvement de rapprochement inévitable.
Quel moment merveilleusement intense que celui qui précède l’échange d’un premier baiser : l’espace entre nous est chargé de désir et d’intensité, alors que nos lèvres tracent l’expression de deux univers en instance de collision passionnée. J’ai enfin le plaisir de te goûter, de sentir ta douceur et ta fermeté mélangées sur ma bouche : c’est infiniment savoureux.
Mes doigts parcourent tout ce qu’ils peuvent trouver. Tes joues rugueuses, ta crinière de guerrier celte, ton cou robuste, tes bras qui m’enlacent, puis la peau de ton dos et de ton ventre, découverte sous le rebord de ton t-shirt. Entre-temps, ta bouche a déjà trouvé ma gorge et la parcourt dans tous les recoins, comme un territoire à explorer.
Déjà nos respirations s’accélèrent et nous nous balançons au son d’une musique sourde à nos oreilles, mais étrangement connue de nos deux corps. Les yeux fermés, j’accueille chaque instant et chaque sensation, tandis que le feu dans mon ventre se propage comme un brasier incontrôlable.
J’ai envie qu’on fasse l’amour. On ne se connaît peut-être pas beaucoup ou depuis si peu. Tu n’es pas non plus le seul qui est passé par ici ou le seul dans ma vie. Mais ce soir, j’ai envie d’être avec toi pleinement, qu’on s’appartienne, ne serait-ce que l’espace d’un moment.
Gentiment, je prends ta tête dans mes mains, t’obligeant à freiner ton élan et à reculer un instant. Nous nous regardons, je te vole quelques baisers de plus du bout des lèvres, les mains enfouies dans ta chevelure.
Suis-moi. J’ai envie de te sentir contre moi.
Par la main, je te guide un peu maladroitement vers mon lit. Le nirvana qui nous guette m’étourdit, tous mes sens sont en émoi. J’ai tellement envie de toi. Juste avant d’y arriver, je me retourne. J’ai envie de t’enlacer, de sentir ta présence me surplomber alors que mon visage s’élève pour t’embrasser. Tes mains brûlantes palpent mon dos à la cambrure de mes reins.
Je sens tes doigts glisser sur ma peau, à cet endroit juste au-dessus de mes fesses. Je sais que tu les aimes, mes fesses. Ne va pas croire pas que je ne t’ai pas remarqué, marchant juste un peu derrière moi, la dernière fois, pour m’observer.
C’est ce moment que tu choisis pour les empoigner. L’élan me fait monter sur la pointe des pieds et resserrer encore plus l’espace entre nous. Je m’affaire à découvrir ton cou à mon tour, m’acharnant sur ce petit espace tendre juste au-dessus des clavicules, du bout de mes doigts.
Je me baigne dans ton odeur. Non pas une odeur de parfum, mais ton odeur naturelle bien à toi, ce parfum viril et rempli d’hormones qui me saoule.
Déjà, sans que je m’en rende compte, tu es allongé sur moi.
Je sens le poids de ta présence dans chaque fibre de mon corps. Chacun de mes atomes vibre à l’unisson des tiens. Nos jambes s’entrelacent en désordre, comme si l’on pouvait s’attacher l’un à l’autre. Mes mains parcourent librement toute la longueur de ton dos. Je te sens frémir sous la caresse de mes doigts. Les tiens effleurent mon ventre et mes côtes, me chatouillant juste assez pour me faire tortiller de plaisir.
Notre rythme ralentit soudainement pour devenir plus langoureux, moins pressé. Je profite de cette pause pour faire passer ton chandail par-dessus ta tête et l’envoyer valser dans un coin de la pièce. Tu es à genou au-dessus de moi, ce qui me laisse le parfait point de vue pour admirer les formes viriles de ton torse. Tu n’as pas à être particulièrement découpé pour être l’image même du mâle désiré. Tes courbes et tes angles s’agencent de manière à offrir le maximum de plaisir pour mes yeux, tout en étant confortables au toucher.
Je laisse mes doigts courir nonchalamment sur ton abdomen et ta poitrine en te regardant, un sourire léger aux lèvres. Et tu me souris aussi. Je viens te rejoindre à genoux.
Ne te quittant pas des yeux (ces yeux rieurs, présents, pétillants et pleins de vie), je guide ta main délibérément sous ma camisole, vers mon sein qui n’en peut plus de t’attendre. Pendant que tu l’apprivoises, le caresses et le pétris, je pose mon front contre le tien et j’écoute nos respirations s’harmoniser. Il ne faut pas longtemps avant que ta deuxième main rejoigne la première, et qu’un pincement ferme et simultané de mes mamelons m’arrache un petit gémissement de plaisir inattendu.
Oh… je sens la chaleur entre mes cuisses augmenter. Et c’est au tour de mon propre vêtement d’aller se perdre quelque part dans le néant. Tu portes mon sein à ta bouche, m’obligeant à me cabrer un peu vers l’arrière pour mieux accueillir la sensation de plaisir qui me prend par vagues, au rythme des étreintes de ta langue de feu.
J’ouvre les yeux pour admirer le contraste de nos chairs, ma peau colorée comme celle d’une femme picte ondulant contre la blancheur de la tienne, à peine teintée.
Sans m’en rendre vraiment compte, me revoilà allongée à côté de toi, alors que ta bouche trouve de nouveau la mienne. Ta main trace mon bras, puis mon flanc, puis mon bras de nouveau et, au passage suivant, elle s’aventure doucement, tout doucement vers mon bas ventre. Tu suspends ton geste. L’énergie continue de circuler dans cet effleurement léger, alors que tu rives ton regard au mien pour t’assurer que l’initiative ne sera pas rejetée.
Je plonge mes yeux dans les tiens et te souris, alors que d’un mouvement assuré je guide ta main juste là, dans la chaleur entre mes cuisses déjà enflammées. Encouragé, tu reprends tes caresses, cette fois un peu plus décidées.
Je me presse contre toi en laissant échapper un gémissement de plaisir confortable, tout en reprenant mon exploration de ton dos et tes reins. Avant peu, je sens ta main se faufiler résolument sous mon legging et dans mon sous-vêtement.
Et là, enfin, t’est révélée sans artifices l’ampleur de mon désir.
Entre mes lèvres brûlantes, tu trouves mon humidité déjà bien exprimée, accueillante de tes caresses, ouverte à tes doigts agiles. Sans me faire prier, j’écarte mes jambes pour t’offrir un meilleur accès. Devant ce geste invitant, je te sens abandonner toute réserve.
En te redressant, tu entreprends de me retirer la dernière pièce de mon armure, avant-dernier vestige de barrière entre nous et le volcan de notre désir.
Saisissant le moment, j’en profite pour te défaire de ton pantalon.
Dans notre empressement, les gestes se font maladroits et nos bras s’emmêlent en un instant de chaos et de confusion. On s’enfarge, on se précipite, on rit.
Puis, enfin à l’unisson, d’un soupir de satisfaction simultanée, nos corps nus se retrouvent complètement, sans aucun artifice cette fois, dans un peau à peau d’une intensité bestiale partagée qui nous surprend tous les deux. Les caresses s’accélèrent et se pressent, alors que ta main trouve mon sexe et que la mienne s’enroule sur le tien.
Pendant quelques instants, la tension monte.
Au moment où je sens que je suis prête à tout t’offrir sur le champ, dans l’abandon le plus total, tu te désengages juste un peu pour croquer la scène des yeux. Je suis étendue là, haletante, les cheveux en bataille et le corps en émoi.
Du bout des doigts, tu continues à me caresser avec douceur, tes yeux teintés d’intensité. J’essaie sans grand succès de retenir un tortillement, mais mes hanches semblent être prises d’une volonté qui leur est propre.
C’est alors que, d’un mouvement ferme, tes doigts se retrouvent en moi : une fois de plus, je ne peux retenir l’expression vocale de mon délice. Sans se faire prier, ta bouche rejoint rapidement le nouveau sujet de ton intérêt. Tout doucement d’abord, ta langue parcourt les recoins de mon intimité, en reconnaissance, jusqu’à ce qu’elle y trouve enfin le bouton de ma féminité. D’un mouvement de plus en plus volontaire, ton entreprise se fait plus insistante, alors que tes doigts d’une adresse surprenante s’affairent sur l’objet gonflé de mon plaisir.
C’est en harmonie que nous oscillons, pendant qu’une plénitude grandissante menace de m’envahir toute entière. Sentant la conclusion approcher dangereusement (et ayant d’autres plans en tête), je prends l’initiative de te repousser en douceur, mais fermement. Un peu surpris, tu me laisses néanmoins prendre les reines pour te guider et t’allonger à ton tour.
Vois-tu, ce soir, c’est moi qui voulais te faire l’amour. Moi, sorcière moderne aux mille visages, je tenais à te faire homme, mais pas comme une banale conquête ou une proie à ma merci. Un feu millénaire brûle en moi et j’ai envie de t’en partager la flamme, la chaleur, la brûlure. Chaque fois que je fais l’amour, je me renouvelle, femme et déesse à la fois, et en cet instant, j’ai envie de le vivre avec toi.
Je prends un moment pour admirer ta nudité intégrale. Sans trait particulièrement flamboyant, il est tout de même clair que la nature t’a octroyé un équilibre certain. À califourchon sur toi, j’entreprends d’appréhender ton organe. Il est droit et d’une taille appréciable, sans être nécessairement impressionnante. Juste ce qu’il faut.
Je le presse doucement et le caresse de mes mains jointes. Je m’applique à faire circuler l’énergie dans mes paumes. Déjà tu gémis sous l’étreinte.
Je te sens relaxer encore plus, appréciatif. J’accélère légèrement le rythme pour observer ton visage, les yeux fermés, la bouche entrouverte, réceptif. Ton sexe est déjà si dur, palpitant.
Je te veux en moi.
Sans plus attendre, je m’étire un peu pour saisir un préservatif stratégiquement placé à portée de main, dans le tiroir de la table de nuit. D’un geste habile, je le déroule sur ton membre. Toi, tu m’observes, en silence.
Toujours accroupie sur toi, je me penche vers ta bouche pour l’embrasser avec ferveur. Ma langue goûte la tienne sans retenue et, me faisant un peu plus aventureuse, je m’emporte à te mordiller entre deux sourires taquins. Pas trop fort. Juste pour faire monter le désir d’un cran.
Au terme de ces échanges passionnés, ton sexe est déjà bien placé contre le mien. La chaleur entre les deux est pratiquement insoutenable et, sans cérémonie, j’abaisse lentement mais fermement mon bassin contre le tien, te prenant tout entier d’un seul mouvement assuré. Je me presse contre toi sans bouger, le temps d’une pause, le temps de bien te sentir, de te regarder au fond des yeux.
Puis, à coup de gestes lents et rythmés, sans te quitter du regard, je bouge des hanches, dans un mouvement ondulant qui leur est propre. Tour à tour, mes doigts connectent avec chacun de tes points d’énergie vitaux, en commençant par un effleurement de ton front. Au passage, ils embrassent tes paupières et tes lèvres. Ta respiration s’accélère, alors que tu rejoins malgré toi la cadence, tes hanches montant à la rencontre des miennes au même tempo.
Mes doigts parcourent ta gorge et s’arrêtent un instant au creux de tes clavicules. Je m’applique à synchroniser ma respiration avec la tienne, tout en y mariant les vagues de mon déhanchement. Mes mains s’aventurent vers ton torse et se plaquent contre ton cœur.
À ce moment, je ferme les yeux pour mieux recevoir en moi la décharge presque électrique qui remonte le long de mes bras, embrasant mon visage, ma poitrine et le haut de mon dos au passage. Après une légère pression, je poursuis ma descente vers ton ventre, où mes doigts vont taquiner ton nombril un bref instant, avant de se saisir de tes hanches.
Oh! Je sens bien que le paroxysme de ton plaisir approche, mais il n’est pas encore tout à fait temps, alors je ralentis le rythme, assez pour te laisser reprendre ton souffle.
Te demandant visiblement ce qui se passe, tu me regardes de tes yeux maintenant bien ouverts.
Je suis immobile. Quelque chose a changé.
Tu es toujours plongé au fond de mon intimité et j’ai commencé à te serrer. Mes muscles se contractent autour de ton membre, comme s’ils cherchaient à l’avaler.
Surpris, tu plonges tes ongles dans la chair de mes fesses. Encouragée par cette douleur délicieuse, je glisse une main entre mes cuisses pour y trouver bien gonflé le centre de mon plaisir.
Sans me faire prier, je recommence à bouger, laissant cette fois monter sans retenue de mon bas ventre la puissance de ma propre énergie féminine, celle de la grande Kundalini, circulant maintenant librement tout le long de ma colonne vertébrale au gré de mes caresses.
Toujours enserré dans mon étau, je t’entrevois te cabrer, alors que tu replonges dans les visions de ta propre extase.
Tes mains sur mes cuisses guident fébrilement nos mouvements de plus en plus frénétiques alors que, massant toujours mon clitoris, je sens à nouveau germer en moi cette sensation familièrement exquise.
Je sais que tu es parvenu au point de non-retour, car je sens ton sexe se durcir et palpiter en moi, alors que tu laisses échapper un cri involontaire. Accueillant la force de ton éjaculation, je laisse mon propre orgasme exploser, se propager à travers mon cœur, mes bras et ma tête, ouvrant au passage tous mes sens et mes perceptions.
En ce moment de béatitude, je suis projetée ailleurs pendant quelques instants, flottant en un lieu radieux aux confins des étoiles. Puis, suivant la vague descendante, je suis ramenée à mon corps tremblant, puis au tien.
Je m’étends sur toi, encadrant ta tête de mes bras pour t’embrasser de nouveau. Doucement, cette fois, pour boucler la boucle et partager les derniers souffles de cette sublime expérience.
Toujours en moi, je te sens te détendre peu à peu, mon humidité ruisselant le long de mes cuisses et sur ton ventre.
Nos bouches s’attardent et se taquinent.
Tes yeux brillent et tu souris, alors que tes doigts effleurent mon dos et se perdent dans mes cheveux sauvages. Ça me chatouille, et je ris.
Je me retire enfin pour m’allonger à tes côtés, pour sentir ton odeur et t’admirer.
Pour nous admirer.
Peut-être qu’on se connaît déjà, au fond. Une mémoire d’un autre temps effleure les recoins de ma conscience.
Qui sait?
Pour l’instant, je ne vois que tes yeux.
Tes yeux remplis de promesses, qui laissent présager que la soirée est bien loin d’être terminée.
Merci à Sébastien Duperron de "Allez, Raconte!" pour l'édition de ce texte.
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