J'aimerais bien que tu sois là, mais je n’ai pas besoin de toi.
Je n'ai pas besoin que tu me complètes. Je suis déjà entière. Je suis déjà libre et toute-puissante : unique créatrice et destructrice de mon Être et de mon Univers. Je ne serais jamais “tienne”. D'ailleurs, tu ne seras jamais “miens” non plus. J'ai beaucoup à offrir. Peut-être que toi aussi. Peut-être qu'ensemble, on pourrait simplement échanger et partager ce qu’on a à se donner.
Je n'ai pas besoin que tu me nourrisses ou que tu me fasses vivre. Je sais me débrouiller et subvenir à mes propres besoins. Chacun de mes acquis a son histoire, payé d’un sacrifice de sang et d'encre. Ce que j’ai, je ne l’ai pas volé : je me suis construite de mes propres mains. Ma maison est mon temple et mon invitation à visiter te fait honneur. De la même façon, j’ai faim de découvrir ton monde et ce qui te fait vibrer. Chacun sur notre planète, on pourrait se graviter.
Je n'ai pas besoin que tu me valorises ou me fasse briller. Que tu me fasses honneur de ton regard, de ton désir ou de ton organe. Être à ton côté n'est ni une fierté ni une conquête. J’aimerais plutôt le privilège de s’accompagner, de s'accueillir tel que nous sommes, sans masques et sans armures, imparfaits et pleins de blessures. Je suis brute. Je suis guerrière, sauvage et sans merci. Je ne suis pas là pour te faire peur ou pour te faire sentir moins mâle, mais je ne serai pas moins que Moi pour t’épargner.
Je n'ai pas besoin de que tu me donnes permission. Je m’exprime et je bouge sans contrainte et sans excuses. Je n’ai pas à me justifier de montrer un peu trop de peau, d'aimer un peu trop fort ou d'avoir un peu trop de plaisir. Je ne dois rien à ton ego et tu ne dois rien au mien. J’aimerais être le témoin de ton intégrité pleinement assumée et qu’ensemble, on puisse danser.
Je n'ai pas besoin que tu me fasses femme, ni reine, ni déesse. Je connais la réalité de qui je suis, sans nom et sans visage. Je n'ai pas à être belle ni à me plier aux diktats infantilisants qui devraient me rendre désirable. Je n'ai pas à “bien me comporter”. Je suis de sang et de péché, mais pas pour autant souillée. On pourrait apprendre à se connaître comme deux enfants, inconscients de la biologie qui nous distingue.
Je n’ai pas besoin que tu me fasses jouir. Je sais bien le faire moi-même. À la place, on pourrait se rencontrer dans un amour tantrique ou l'orgasme n'est pas un but à atteindre. Pourquoi ne pas s'abandonner pour une fois et découvrir un nouveau rythme, loin de la performance et de la poursuite d'une finalité. Prenons le temps de nous goûter et de nous explorer, d'honorer nos corps dans une connexion du cœur et de l'âme. J’aimerais jouer, qu’on fasse l'amour lentement, à tâtons, maladroitement et en riant.
Je n'ai pas besoin que tu me guérisses. En fait, je ne suis pas brisée. J’ai juste choisi de prendre des détours pour voir comment je pouvais me réinventer. Mais on pourrait se permettre de se guérir nous-même dans la compagnie de l'autre. On pourrait se supporter mutuellement, deux humains à l'écoute et disponibles, engagés, ouverts, sensibles à la douleur de l'autre. Ensemble, on pourrait créer cet espace où l’on se respecte, où l’on s'observe, où l’on se reconnaît. Ensemble, on pourrait parler et connecter et, si on est chanceux, on pourrait même se comprendre un peu. On pourrait se permettre de définir nos propres paramètres et nos propres limites.
Je n'ai pas besoin que tu aies besoin de moi. Mais je veux que tu veuilles être avec moi comme je veux être avec toi. Prendre ça comme ça vient, un moment à la fois pour ce qu'il est, sans attentes, ni directions, ni promesses. Se rencontrer à nouveau à chaque instant, dans l'accueil de ce dont sera fait le prochain.
Je n'ai pas besoin de toi. Mais je te veux dans ma vie. Pour marcher quelques pas ensemble ou plusieurs. Pour courir, trébucher et se reposer. Prendre une pause bien méritée. Le temps de se sourire, le temps d'un baiser. Le temps que ça prend pour s'aimer.
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