J'en ai marre de mon travail quotidien. Encore. Ce travail que je pensais être ma mission de vie : celui de créer de jolies images jour après jour. M'investir de cette activité devrait suffire à me faire sentir en vie, mais à nouveau, je m'y sens perdue.
Je tente encore une fois d'exprimer les pensées qui font rage dans ma tête. Pour moi, trouver ma voix est un énorme combat. Parce que l'existence est un combat et j'ai toujours senti que ma création visuelle manquait de profondeur. Pendant des jours, je me suis demandé : qu'est-ce que j'ai à apporter au monde? Quelle est la chose que j'aie vraiment à offrir?
J'ai dû reconnecter à l'intérieur. Je sais que lorsque je ferme les yeux et que je prends la peine d'écouter, j'obtiens des réponses. Je sais que j'ai des histoires à raconter. Des histoires de choses que j'ai vécues et vues avec mes yeux physiques et des histoires vivantes dans mon esprit, des paysages étranges, des personnages énigmatiques. Que ce soit "réel" ou non n'est pas la question.
S'engager à trouver ma voix semble être une idée géniale. En vérité, je ne me suis jamais senti aussi terrorisée. Le dessin est sûr. Ressasser mes idées est sans danger. Les mettre dans le monde ne l'est pas. C'est pourquoi je me suis cachée les dernières années.
Je pense que, pour vraiment se connaître, on doit repousser beaucoup de limites, étirer et s'affranchir de toutes les couches de Soi. Briser le confinement. Petit à petit, on se développe, on prend de l'expansion avec chacune de nos cellules, car, au fond de nous et malgré la douleur, nous savons que c'est la chose la plus exaltante que nous ayons jamais entreprise. La seule chose qui nous fait réellement sentir vivant. Même si l'on meurt demain, au moins on ne mourra pas dans la peur et la stagnation. On mourrait en quête de notre Vérité, en s'écorchant les membres, en se brûlant le visage et en se relevant un défi à la fois, aux prix de devenir la cible de tous les jugements, de sorte que le "monde" puisse peut-être bénéficier de nos larmes et de notre sang.
Mais surtout, on prend ce risque, car on a le besoin viscéral de Savoir. Parce que rien ne vaut la peine de vivre si ce n'est pour cette connaissance ultime du pourquoi et du comment. Afin d'embrasser un peu plus le paradoxe de l'existence. C'est se connaître ou mourir en essayant d'y parvenir. C'est notre fatalité de toute façon.
Qu'est-ce qui nous fait penser qu'on puisse être en sécurité ? Je pense qu'être en vie est la chose la plus dangereuse qui soit. Pourtant, il est temps pour moi de sortir de cette coquille.
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