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Récit de mon Kundalini awakening

Comment expliquer l’inexplicable. L’histoire de mon éveil commence avec une intention et un gramme de champignons magique. Un. Pas huit. Ceci dit, je me qualifie personnellement de personne straight edge. Je ne bois qu'un verre à l’occasion rarissime, je ne fume pas (surtout pas du pot, qui me rend anxieuse et parano) et je ne consomme plus aucune autre drogue depuis près de 10 ans. Mais le mush à l’occasion… J'ai l’intuition que les psychédéliques sont désignés pour ouvrir certaines portes de notre esprit et qu'il revient ensuite à nous de traverser ou non ces portes dans une application quotidienne. A peek through the keyhole. Puis des années de travail pour retrouver le chemin. 

 

Anyway, ma première vision divine m'est venue environ deux ans avant ça. J'étais avec mon amoureux du moment et on avait simplement pris une petite dose récréative. On était tout bonnement assis sur le balcon de mon premier appartement à Gatineau et je regardais le paysage urbain. Puis, sans avertir, c'est monté en moi. Je me suis mise à pleurer doucement en contemplant le gazon. Pour un moment, ma conscience s’est UNIE avec celle du gazon (haha) et j'ai senti un immense amour comme j'en avais jamais ressenti. Et, pour la première fois, j'ai senti ce qu'on pourrait appeler l’amour de “Dieu” : une conscience immense that willed that grass into creation and that loved it and everything else immensely. J'ai pas de mots en français pour le décrire. Après, on a regardé Fantasia 2000 et j'ai pleuré encore en regardant les baleines voler sur Pines of Rome. (si vous avez jamais vu ca, watch it now). Cette année-là, j’ai commencé à écrire. J’ai parlé d’art et de mission de vie. Des articles inspirés, mais aussi fortement documentés et structurés. Moins vibrants et personnels que ce qui passe maintenant.

 

Fast forward au printemps 2012. j’habite seule dans un petit batchelor, à quelques minutes de mon nouveau studio (le premier RubyCherry Shop). Je ne sais pas ce qui avait inspiré le projet, mais mon intention avec mon gramme de mush était de retourner là, de connecter avec cette énergie divine que j’avais perçue la fois d’avant. Pas de cadre précis. À ce moment-là, j’avais même pas de vocabulaire spirituel construit. Bien que j’aie un certain background ésotérique, je ne suis même pas certaine si je savais vraiment ce qu’est un chakra. Pas de lectures ou de documentations pour supporter l’expérience qui allait s'ensuivre. Donc tout bonnement, toute seule comme une grande, je prends ma p'tite dose de psychédélique et je pars prendre une marche dans le quartier. Je m'arrête au parc un moment. Je laisse le feeling familier monter en moi. Quand je sens que ça « kick in », je prends tranquillement le chemin du retour. Premier moment de perception intéressant : en marchant dans la rue à la lumière des lampadaires qui viennent tout juste de s'allumer, je me sens devenir À LA FOIS très grande et très petite. Un dédoublement de perception assez peu commun pour moi, même pour avoir pris pas mal de drogues à une certaine époque. Dans ma perception d'être toute petite, je vois la rue s’allonger à l’infini et bien que je sais clairement que j’ai seulement quelques centaines de mètres à parcourir, je me demande si à ce rythme j'arriverai jamais chez moi. De l'autre côté, j’ai l’impression de voir les lampadaires d’en haut ! Comme une géante ou peut-être comme si je flottais au-dessus de moi-même, je sais pas trop… et je suis fascinée par le rythme de mes pas. Je laisse l’expérience m’envelopper en me disant simplement qu’un pas à la fois, je vais bien finir par rentrer chez moi. Une des choses que je me suis dite est : “Wow. Lewis Carroll sait vraiment de quoi il parle dans Alice in Wonderland”. Je regarde mes pieds et soudainement, j'entends une phrase résonner en moi : « you are but a Walker of the Earth ». Comme si quelqu’un d’autre me l'avait soufflé à l’oreille, comme ça, en anglais. Mais cette petite phrase est restée gravée en moi et imprègne toujours lourdement ma perception de l'existence encore aujourd’hui. Je ne suis qu’une Marcheuse de la Terre…

 

Rentrée à la maison, j'avais déjà installé un petit setup bien spécial. Mon but était de faire un exercice de « mandala de lumière », tel que décrit par Judith Cornell. Donc un dessin visionnaire, précédé par une méditation guidée. Rien d'extraordinairement révolutionnaire à première vue. Je me suis assise à la table de cuisine avec mon papier, mes crayons et un verre d’eau. J’ai fermé Les yeux...et je suis partie. Au début est venu ce sentiment maintenant familier d’accélération à l’intérieur de ma tête. Le feeling de reculer rapidement ou de se laisser tomber vers le haut (si ça fait du sens haha). Et des étoiles. Des étoiles partout. Je ne pense pas que je pourrais décrire en détail la richesse de l’expérience du moment, mais pendant quelques minutes, j'étais au ciel, “expensionée” à l’infini, et je contemplais la création, l’univers, et je riais. Je riais aux éclats par en dedans. Parce que je réalisais que tout cela, l'existence, n'était qu’un jeu et c’était vraiment très très amusant. Et dans l’infinitude et l’immobilité : la compréhension (que dis-je la CERTITUDE) que le temps n’existe pas. Ensuite, j'ai descendu et descendu à l’intérieur de moi-même, dans la matière, dans l’atome, dans un endroit à nouveau très calme, immobile et sombre. Le confort du néant, de la graine, de la potentialité infinie, mais non manifestée. Et j’ai réalisé que les 2 états, infiniment grand et infiniment petit, sont en fait LA MÊME CHOSE. La même énergie simultanée et que chacun est interchangeable avec l’autre. Et que tout ce qui se trouve entre les deux n’est en fait qu'un kaléidoscope de conscience au jeu avec elle-même. En « revenant » j’ai oui dessiné mon mandala (un peu plate vraiment, car tout n’était que cette spirale infinie de « blocs » imbriqués les uns dans les autres, interdépendants et contractant sans fin) mais j’ai aussi écrit 4 pages de textes qui le lendemain ne feraient plus aucun sens pour moi.

 

Après cette intense heure (?), j'ai commencé à ne pas trop me sentir bien. Comme je n’avais pas envie de rien faire d’autre et qu’il faisait nuit, j’ai décidé d’aller me coucher. Ça a probablement été une des pires nuits de toute ma vie. Je ne suis pas certaine si j’ai dormi ou non, mais je me rappelle de différents épisodes d’éveil ou j'agonisais physiquement et mentalement. Je me rappelle m'être demandé à plusieurs reprises si j’étais en train de mourir et si je devrais peut-être appeler une ambulance. Comme j’ai souvent eu des problèmes d’anxiété et de crises de panique dans le passé, j’ai quelques outils dans ma boîte pour gérer ce genre d’émotions. J’ai pris chaque vague une à la fois et j’ai respiré, en attendant de voir un réel symptôme de détresse physique. Je me rappelle aussi m'être demandé plusieurs fois ou j’étais, mais surtout QUI j’étais. Je ne pouvais plus me nommer moi-même, bien que j’avais l’impression d'être certainement QUELQU’UN. Et je ne reconnaissais pas vraiment le lieu à part un sentiment de familiarité et de sécurité. Je savais que j'étais sous l'influence et qu'avec un peu de patience ça passerait. Après ce qui feelait comme une éternité, ça finalement été le matin.

 

Ce que j’allais apprendre plus tard par quelques recherches et lectures est que je venais de vivre un éveil spontané de la kundalini (kundalini awakening) suivi d’un épisode de mort de l’égo (ego death).

 

Le lendemain et les nombreux jours qui ont suivi ont été comme vivre dans un brouillard épais. J’avais l’impression d'avoir la tête entre deux mondes et le plus courant et désagréable symptôme était d’avoir l’impression de me regarder de six pouces au-dessus. Une espèce de vision dédoublée et sensation de flottement qui m'empêchait complètement de vivre dans mon corps et performer mes activités quotidiennes. J’avais surtout l’impression que rien dans cette vie ne faisait de sens, que rien n’était important et que face à l'immensité de « Dieu » et de l’univers, ma propre incarnation était profondément insignifiante. Après l’extase, le crash. Je n’avais aucunement les outils, le background ou le support nécessaire à « l'atterrissage » et à l’ancrage de ce brutal éveil spirituel. Et évidemment j’en ai pas parlé à grand monde, car je me suis dit que j’allais certainement être prise pour une folle. Pour 12 mois, j'ai beaucoup pensé à mes pieds. J’ai commencé à faire du yoga et j’ai senti que j’avais besoin avant tout de réintégrer mon corps. J’ai marché, j’ai couru, je me suis couchée à terre, j'ai tout fait ce qui m’inspirait pour m’enraciner et réintégrer mes quartiers physiques, pour retrouver un sens de  « moi ». 

 

Durant cette période, j'ai beaucoup lu. J’ai commencé à acquérir un vocabulaire pour expliquer et rationaliser mon expérience. J’ai aussi fait quelques rencontres spéciales qui m’ont aidée à m’en sortir et qui ont préparé la scène pour la 2e étape de ce voyage qui allait s’entamer en 2013, mon récit pour la prochaine fois.

 

Rendez-vous au prochain épisode.

 

Partie 1 : Récit de mon Kundalini awakening

Partie 2 : Les yeux au ciel

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