Je pense que je n’existe pas vraiment. Que je ne suis pas moi.
Plus jy pense, à la lumière de mes expériences et méditations, plus je trouve l'ego pernicieux et la volonté de préserver un sens d’identité absurde et inhérente à quelque instinct primal de survie. On s’intéresse aux incarnations passées, à notre “higher self”, à notre “mission”, on recherche l’état d’illumination ou de béatitude… On a l’impression que c’est important. En spiritualité, les uns sont addictés à un besoin de sens / de purpose comme les autres sont addictés aux biens matériels ou aux expériences de la chair.
Si on conçoit notre vie (et toutes nos vies) comme autant d’avatars dans un jeu, piloté par quelque conscience unique (l’âme ou cette conscience qui observe nos pensées) simultanément (le temps n’étant qu’un paramètre donné de la réalité artificielle expérimentée et donc n’existant pas réellement) alors tout ce que nous croyons “nous” et “notre” est une construction artificielle conçue pour la jouissance de cette conscience au volant, sans autre but que d’expérimenter, voire se distraire. Une matrice dans laquelle tous les enjeux, tous les défis, toutes les difficultés ne sont que des paramètres ajoutés pour rendre la game plus intéressante. Ni bien, ni mal, ni homme, ni femme, ni bourreau, ni victime. Aucune dualité, aucun jugement. Et chaque “niveaux” de conscience perçus en cours de route (en méditation, en canalisation, en voyage astral) n’est qu’un niveau du programme dans le programme dans le programme… Si on joue à un jeu “open world” où l’on crée le personnage de notre choix, on peut choisir de s’investir d’une mission et de sauver le monde. De mourir plein de morts atroces, et revenir s’acharner à continuer vie après vie jusqu'à ce qu’on batte la game. Ou décider de s'asseoir dans un coin et cultiver des carottes (ou aller au gym et magasiner). Et mourir une mort absurde peut-être. On pense que les lois et systèmes de notre monde sont immuables, mais s’il existait un cheat code pour la santé, la richesse et la vie infinie ? Voler dans le ciel, voyager dans le “temps”, passer à travers les murs ? Guérir et marcher sur l’eau comme Jésus ? Power user de la matrice multipersonnalisé ou complètement dépersonnalisé dépendant d'où on regarde ça.
Ou est-ce qu’on pourrait peut-être décider de pu jouer ? La game est plate ou pu si le fun que ça finalement et passer à autre chose ?
Dans le fond, j'aime ça jouer. Quel genre de gamer suis-je ? Définitivement le genre casual. J'aime passer d'une game à l'autre sans jamais vraiment en finir aucune. J'aime jouer à easy. Me foutre de la mission principale, explorer le monde, parler avec tous les NPC, écraser les monstres en poussière parce que mon character est trop overkill pour rien. Trouver des easter eggs. Prendre un peu de damage pour le kick, mais avoir des potions à l’infini. Je fais toujours la fille aux cheveux rouges chicks mais kickass. Melee, pas de gun. J’aime mieux ça hands on. Pas de magie sauf si c'est pour healer. J'aime jouer les “gentils” et pas trop fouttre la marde (ça devient trop compliqué sinon). Faut pas non plus que ça soit trop sombre ou trop stressant. Faut que le paysage soit joli. Ou poétique. Explorer le monde à fond, telle son intention de création.
Je me demande encore ce qui m'intéresse ici. Ce à quoi je veux dédier cette manifestation de moi-même corps et âme. Je sais que ce n'est pas l’art ou le tatouage (et c'est tout un deuil que de s’éveiller à ça). Ce qui me passionne réellement est la conscience et son expression. Son apparente séparation singulière qui se manifeste de toutes les couleurs dans les gens et les choses. Une certaine qualité de lumière. Le sentiment de comprendre et être compris. La compassion. Comme deux neurones d'un même cerveau qui connectent. Et pourtant je suis réticente à la relation d’aide. J'aime être témoin des gens qui s'aident eux-mêmes. La co-inspiration à devenir “meilleurs” les uns les autres. Et quand je dis meilleurs, je veux dire plus vrai. Plus conscient de ce qui nous unit, sans souci de performance ou d’élitisme ou de pureté. Et ça, ça passe sans les mots. Ça passe dans le regard. Dans la présence. Rien à faire, rien à changer, nulle part où aller...
Nous avons un potentiel infini de création. Chacun de nous, fractal à l’image de “Dieu”. Les outils encodés en nous et en tout pour générer notre réalité à l’infini. Tellement simple, direct, sans système, sans symbole, sans rituel, sans objets magiques, sans religion, sans maître. Qui veut d’un papier et d’un crayon et rêver de pâles répliques quand on peut façonner la matière à volonté ? En tk moi, j’ai trouvé une game à explorer pas mal plus intéressante et pas mal moins compliquée ou stressante ultimement. Et pour jouer pleinement, il suffit de mourir à Soi.
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