Je n’ai pas écrit depuis un moment. La raison en est que j’explore dans ma conscience un endroit où toutes les voix dans ma tête s’apaisent et se fondent en un seul flot de murmures étouffés. C’est le lieu de la monade, où toutes les existences multidimensionnelles convergent en une seule. Cela fait un moment que je me demande « qui je suis ».
J’ai sauté d’une conscience à une autre, me souvenant d’une vie après l’autre, m’attribuant de nombreux noms. Chacune venait avec une variété de personnalités et de signatures énergétiques. J’ai exploré des parties de moi très masculines et lumineuses. Des parties de moi qui voulaient servir, vaincre et être justes. Puis, je me suis souvenue de mon autre moitié, la prêtresse organique dans les ombres. Celle qui parle de la Terre, du sexe, de la décomposition. Celle qui attend et observe. Je les aime toutes, car elles sont toutes mes voix. L’une veut conquérir le monde, l’autre nourrir et être nourrie. Dans cet espace où tout converge en un, je me sens en paix. Il n’y a en moi aucune envie d’accomplir quoi que ce soit. Juste un désir d’être, d’exister et de créer de manière très pure et directe. De simplement exprimer.
Dans cet espace, je sens un fil au-dessus de moi, me reliant directement à la source, et pour la première fois depuis longtemps, je ressens de la joie. Je trouve l’équanimité face aux blessures du monde. Je trouve un but sans rien faire et je trouve la perfection. Pas une perfection conceptuelle à atteindre ou à « travailler », mais une perfection inhérente, immanente. Je me sens pleine et complète, sans avoir besoin de flamme jumelle ou d’âme sœur, car elles sont toutes en moi. Je ne me soucie plus de l’ascension, des guerres galactiques, des symboles, des signes ou de l’astrologie. Je ne m’intéresse plus aux livres de développement personnel. Je regarde mes cristaux, les aime et les remercie, mais je ne ressens plus qu’ils m’appartiennent. Ils sont simplement « là » pour que je les apprécie. Il en va de même pour ma maison, mes chats, mes vêtements et tout ce que je « possède ».
Quand je regarde en bas, je vois d’innombrables fils me reliant à mes nombreuses incarnations du passé, du présent et du futur, galactiques et terrestres, de tous genres et formes. Certains sont accessibles et je peux « m’y glisser ». D’autres sont cachés à ma perception, mais cela n’a plus d’importance maintenant. Si je le souhaite, je peux expérimenter la réalité depuis leur conscience, obtenant des aperçus et des informations, des éons de savoirs entassés dans une immense bibliothèque intérieure. Découvrir ce flot de connaissance fut certainement déroutant par moments. Mes nombreuses voix voulaient se faire entendre. En canalisant et en « enseignant » aux autres, je me donnais le cadre nécessaire à mon expansion et à mon intégration personnelles. Pendant un temps, j’ai travaillé sur le seuil, faisant passer des âmes à travers la porte, puis j’ai réalisé que je n’avais plus aucun intérêt à les guider davantage. Je salue donc tous les enseignants ayant la vocation, la patience et la dévotion de le faire. Beaucoup d’entre vous, incarnés et désincarnés, m’ont aidée sur ce chemin. J’ai compris pour moi-même que l’on ne peut enseigner à personne comment se reconnecter spirituellement. On peut seulement montrer la voie. Et oh, comme l’esprit aime ses symboles et ses processus : il déteste que les choses puissent être si simples. Il y a une véritable valeur dans les « multiples choses » de la maya, mais je ne peux plus y demeurer. Je quitte ma place à la porte pour que quelqu’un d’autre y prenne le relais et soit au service à ma place. Je serai celle qui, pour un temps, profitera du spectacle.
Maintenant que j’ai cessé de demander « qui suis-je ? », j’ai commencé à me demander « et maintenant ? ». Car être dans un espace de manifestation presque instantanée sans désir précis m’a laissée un peu amère pendant un moment. Tant de potentiel et rien pour le canaliser. Je sais que je dois vivre depuis cette conscience monadique (in and out encore pour un moment. Vous savez, les embouteillages, les factures à payer et tout ce qui va avec. Un peu plus de guérison, un peu plus de karma à nettoyer) et l’incarner dans ce monde, mais quand je me connecte à elle et demande ce que je devrais faire, elle rit doucement et répond « rien ». Et donc, il n’y a rien à faire. Rien à sauver, rien à changer. Juste de l’expérience pure, de la création pure et de l’expression pure. Je vois que dans la Présence et l’Attention réside le véritable service à Dieu. Je crois que c’est cela, la véritable Béatitude et Joie spirituelle. Pas cette autre chose, pas cette extase de Kundalini qui dure une minute et vous laisse face contre terre. C’est plus une sensation fugace pour moi en ce moment : une ligne très fine à équilibrer entre le nihilisme et le fanatisme. Nous savons, puis nous oublions, puis nous nous souvenons, puis nous oublions pour mieux nous souvenir à nouveau. Et ainsi soit-il. De retour à la contemplation de mon lotus en éclosion.
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